Budgets de l'État et de la Sécu : d'autres choix sont possibles !
PLF, PLFSS… Derrière ces sigles se cache en réalité une question simple : le partage des richesses produites par notre travail. Une fois encore, le gouvernement a fait son choix, celui des très riches et des grandes entreprises. D’autres solutions existent.
Les débats parlementaires se concentrent en ce moment sur deux thématiques importantes :
le budget de la Sécurité sociale (avec le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, « PLFSS »), principalement financé par les cotisations sociales, qui couvre les aléas de la vie : santé (assurance maladie), vieillesse (retraites), familles (CAF), autonomie, accidents du travail…
le budget de l’État (avec le projet de loi de finance, « PLF »), principalement financé par l’impôt, qui couvre le financement des services publics, le bien commun de toute la population.
Au prétexte d’une situation budgétaire « catastrophique », le gouvernement propose dans les deux cas un projet d’une violence sociale sans précédent, encore pire que le budget Bayrou, faisant payer les plus démuni·es et les malades pour préserver sa politique de cadeaux aux grandes entreprises et aux ultra-riches.
Sécurité sociale : la cotisation doit reprendre toute sa place
L’objectif du gouvernement est simple : la destruction de notre modèle de Sécurité sociale. Le budget Lecornu est un véritable plan d’austérité contre les travailleur·ses et les plus précaires :
En réalité, il n’y a pas un problème de dépenses pour la Sécurité sociale, mais de recettes. Au prétexte de favoriser l’emploi, les gouvernements successifs ont favorisé les exonérations de cotisations sociales et limité les recettes, mettant en péril le financement de la Sécurité sociale.
La CGT a proposé un ensemble de mesures permettant de résoudre le manque de recettes, et de financer entre autres l’abandon de la réforme des retraites :
suppression progressive des 80 milliards d'euros d’exonérations de cotisations sociales dont 5,5 milliards qui ne sont pas compensés par l’État et qui participent aux trappes à bas salaires ;
mise en place d’une véritable égalité salariale femmes-hommes : au minimum 6 milliards d’euros ;
élargissement de l’assiette des cotisations pour y intégrer toutes les primes, l’intéressement et la participation : 4,4 milliards d’euros ;
augmentation du forfait social sur les dividendes (alignement sur les cotisations dites patronales) : 10 milliards d’euros minimum ;
lutte contre le travail illégal : manque à gagner de 6 à 8 milliards d’euros de cotisations retraites...
Retraites : une suspension en trompe-l’oeil
Le Premier ministre a annoncé une suspension de la réforme des retraites 2023, preuve que nous avons eu raison de ne jamais cesser de porter l’abrogation dans le débat public. Mais cette suspension n’est pas un blocage de la réforme à son stade actuel (62 ans et 9 mois pour 170 trimestres), elle n’est qu’un décalage d’un an de l’application de la réforme, les 64 ans étant exigés à terme pour les générations nées en 1969 et après, au lieu de 1968.
Si les générations 1964 à 1968 regagnent un trimestre sur la réforme (âge de départ et trimestres comptabilisés), la réforme est toujours là.
À ce stade, les départs anticipés pour carrière longue et pour les inaptitudes diverses ne sont même pas concernés par ce décalage.
De plus, le financement de ce décalage est programmé par une ponction supplémentaire sur les mutuelles et complémentaires et par une sous-indexation des pensions de retraites de 0,9 point sous l’inflation au lieu des 0,5 initialement inscrit au PLFSS : une deuxième année blanche et une « institutionnalisation » de la baisse des pensions de retraites, comme le veulent les libéraux.
Ne lâchons rien : exigeons un blocage comme étape pour l’abrogation, avant d’aller vers la retraite à 60 ans avec départs anticipés !